mardi 29 septembre 2015

Un visiteur occasionnel

Les phoques de Weddel sont de retour en nombre. Leur présence n'est en rien exceptionnelle car ils vivent sur le continent et dans les eaux de l'Antarctique.
Phoque de Weddel
Par contre le phoque crabier est classé dans les "visiteurs occasionnels". Son nom provient des carapaces trouvées dans les excréments de l'animal, prises à l'époque de sa découverte pour des carapaces de crabe. Son alimentation est en fait constituée à 98 % de krill antarctique, des invertébrés de six centimètres de long qui, comme les crevettes, vivent en grands groupes, appelés essaims, et se nourrissent directement de phytoplancton.
Cette espèce de phoque se développe exclusivement en Antarctique et évolue principalement dans le pack, une zone maritime encombrée de morceaux de banquises plus ou moins volumineux. Leur présence n'avait pas été signalée depuis deux ans. Il faut dire que la mer n'est pas bien loin. D'après les images satellites, l'eau libre serait à moins de 20 kilomètres de la base. Cela ne signifie pas pour autant la fin de la banquise. On parle plutôt de polynie, une zone qui reste libre de glace, ou couverte d'une couche de glace très mince, au milieu de la banquise. Les polynies peuvent atteindre plusieurs centaines de kilomètres carrés.
Phoques crabiers

lundi 21 septembre 2015

Il y a pire qu'Ikéa

Il ne reste que trois chambres à rénover. Mais les éléments qui composent le mobilier d'une chambre ne sont pas à récupérer dans un hangar d'Ikéa. Non, ils sont bien à l'abri sur l'île du Lion. Ils sont arrivés en container par bateau, puis ont été reconditionnés sous forme de colis pour être acheminés par hélicoptère. Il faut donc utiliser un véhicule à chenille pour accéder au lieu de stockage.
La seconde étape est le déneigement de la porte puis le repérage des bons éléments et leur chargement.
Le retour sur la base s'effectue avec le même engin dépourvu de siège passager tout autant que d'amortisseurs. Sur la photo, on semble tranquille mais en fait le véhicule est à l'arrêt, attendant qu'un groupe de manchots veuille bien libérer la piste...
Puis c'est l'arrivée devant le 42, le bâtiment qui abrite toutes les chambres des hivernants, et le déchargement de notre précieuse cargaison commence. Bien entendu, il faut tout hisser à l'étage, sinon ce serait trop simple. C'est lourd, l'escalier est étroit et, pour compliquer un peu l'affaire, le début du parcours s'effectue sur une simple planche. Par chance, il fait beau, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de vent.

jeudi 17 septembre 2015

Le messager

Aujourd'hui c'est l'anniversaire de ma mère.
J'aime bien utiliser un ballon comme messager, imaginer qu'il va loin, très loin,  porter les quelques mots griffonnés à la hâte, mais soigneusement choisis, qu'on aimerait délivrer sans intermédiaire. Celui-ci est monté à plus de 27 km d'altitude et s'est éloigné de 220 km de la base.  La France, c'était encore bien loin !
Depuis le début du mois les températures sont plus clémentes en altitude et les ballons en profitent pour éclater plus haut. Au sol, côté température, c'est une autre histoire. Nous sortons tout juste d'un épisode à -30°, température peu courante pour la saison puisque des températures inférieures à -30° en septembre n'ont été observées qu'au cours de neuf années, sur quarante neuf ans d'archive.

mercredi 16 septembre 2015

A la crèche !

Les besoins en nourriture des poussins sont de plus en plus importants et les deux parents doivent s'en charger en même temps. Il y a donc de plus en plus de poussins restés seuls attendant le retour des parents nourriciers. Ils se regroupent au sein de la manchotière et forment des crèches.
Les manchots Adélie organisent également des crèches (cf. cet article du blog en janvier dernier) : La crèche des manchots Adélie

mardi 15 septembre 2015

Le prédateur

Le pétrel géant est une espèce de grand oiseau marin dont l'envergure peut atteindre deux mètres. Il est le principal prédateur terrestre du manchot empereur.
Bien que son retour n'annonce pas d'amélioration notable des conditions météorologiques, c'est le premier animal dont on peut signaler la réapparition après cette longue période hivernale. Son retour coïncide avec l'émancipation des poussins empereur qui représentent pour lui un mets de choix.
On peut les voir passer et repasser inlassablement au-dessus de la manchotière jusqu'à ce qu'ils repèrent la proie idéale, le poussin isolé.


lundi 14 septembre 2015

Chantier de rénovation

Sur la base, bons nombres de corps de métiers sont présents. Chacun avait un travail à réaliser pendant l'hivernage. Pour Cyril, le menuisier, c'était la rénovation d'une bonne partie des chambres. En bonne voisine, je suis allée surveiller l'avancée de sa tâche.
Le plus dur pour lui n'était pas de scier, visser ou coller. Encore moins d'assembler entre elles les diverses parties du mobilier livré en kit. Non, le plus complexe aura été de mettre la main sur les divers éléments stockés ou plutôt éparpillés en divers lieux sur la base. Il y en avait dans le shelter (abri) de la menuiserie, au Hangar bleu, un bâtiment au fin fond de la base et sur l'île du Lion, une île toute proche mais quand même.

jeudi 10 septembre 2015

C'est l'histoire d'un petit poussin...

C'est l'histoire d'un petit poussin qui ne voulait pas rester seul. Mais  il avait bien grandi et, pour satisfaire son appétit, ses parents n'avaient que le temps d'aller s'approvisionner en mer, nourrir l'oisillon et repartir vers le large. Le poussin décida d'agir.  Dès que l'adulte s'éloigna de la manchotière,  il le suivit. L'adulte s’arrêta plusieur fois mais le poussin s'obstinait à le suivre. L'adulte finit par se fâcher et retourna vers la manchotière précédé du poussin dont il hâtait la marche en le poussant avec son bec. Le poussin se résigna et finit seul le trajet de retour vers ses congénères.

mercredi 9 septembre 2015

La caravane

La base Concordia, distante d'environ 1 100 km de notre base, est approvisionnée par voie terrestre deux à trois fois au cours de l'été. Ce convoi, surnommé « le raid », est composé d'une dizaine de  personnes qui dorment dans deux caravanes ('Vie' et 'Energie') conçues à cet effet. L'un des chantier de l'hivernage est de rénover l'élément de la caravane qui fournit l'eau et l'électricité. Mais encore faut il le ramener de la station Prud'Homme où il demeure le reste du temps.
C'est ainsi qu'une dameuse et trois engins à chenilles ont parcouru les cinq kilomètres de banquise puis sont revenus avec leur butin. L'élément du raid (en orange) était tracté par les engins à chenilles à une vitesse de l'ordre de 5 km/h.
Maintenant il est solidement arrimé sur la base dans l'attente du début des travaux.

dimanche 6 septembre 2015

Une histoire de piquets

Sur le continent, à environ cinq kilomètres de la base, il y a une station annexe, occupée uniquement en été : la station Prud'Homme. Son rôle, le point de chute du raid qui alimente Concordia, la station de recherche permanente franco-italienne située à un peu plus de 1100 km de notre base.
Pour les glaciologues,  c'est une zone d'étude de  la surface du continent. Et tous les mois, ils en surveille l'évolution en mesurant son épaisseur de neige ou de glace.
Première étape : se rendre sur place en 45 minutes de marche sportive sur une surface alternant la glace vive et la neige tantôt dure, tantôt molle.
Deuxième étape : trouver les 36 piquets plantés dans la glace et en mesurer la partie émergente ainsi que la hauteur de neige adjacente.
Mais attention, il y a piquet et piquet. Chacun est référencé par un numéro et le matériau qui le compose. Il y a des piquets en bois. Ce sont les plus anciens, mais leur inconvénient majeur est de conduire la chaleur et de fausser ainsi la mesure l'été. Il y a des piquets en polycarbonate qui sont fragiles et donc souvent cassés. Et depuis peu, il y a les piquets en bambou avec leur base  en polycarbonate.
Pour plus efficacité nous séparons la zone de mesure en deux et travaillons en binôme, l'un mesurant, l'autre notant. J'ai du mal à évaluer la tâche la plus ingrate : écrire  avec un crayon minuscule et des gants énormes sur la bonne ligne de la bonne page les valeurs dictées par son  binôme ou bien s'agenouiller dans la neige, sortir la sonde puis le mètre et enfin se relever, et cela, 18 fois.
 Troisième étape : le retour en marche toujours aussi sportive pour rentrer avant la nuit.